Le 7 juin 2024 restera à jamais gravé dans ma mémoire. C’est le jour où j’ai eu l’honneur de porter la flamme olympique à Plougastel-Daoulas. Cette expérience, bien plus qu’un simple événement sportif, a été un moment de partage, de célébration . C’était un jour où l’énergie collective et la ferveur populaire ont transformées le quotidien pour faire de cet instant un souvenir mémorable.
La Candidature : un cheminement vers le rêve
Tout a commencé bien avant ce jour inoubliable. Lorsque j’ai candidaté pour devenir porteuse de la flamme, je n’imaginais pas l’impact que cela aurait sur ma vie. Être sélectionnée n’était pas une simple formalité ni le fruit du hasard. Comme on nous l’a expliqué lors du briefing, chaque candidature a été minutieusement étudiée. Les critères de sélection portaient sur l’engagement dans le domaine sportif, l’attachement territorial ou la solidarité. Pour ma part, je remplissais deux de ces trois critères, mais paradoxalement, celui que je ne possédais pas, l’implication sportive, est devenu une opportunité de bouger. C’est ainsi que la flamme m’a motivée à m’entraîner, à courir, et à découvrir une nouvelle facette de moi-même.
Le processus de candidature et l’attente qui s’en est suivie ont été marqués par l’excitation et la préparation. En janvier 2024, lorsque j’ai appris que j’allais porter la flamme, l’euphorie a laissé place à une rigueur nouvelle dans mon quotidien. Chaque course, chaque entraînement me rapprochait un peu plus de ce jour où je porterais cette flamme..
Le Jour J : une organisation millimétrée pour un moment d’exception
Le 7 juin, le portage de la flamme était prévu à 11h56, mais dès 9h45, nous, les porteurs de flamme, étions convoqués sur le site. L’excitation montait alors que je me rendais sur place avec mon père, qui jouait le rôle de chauffeur pour cette journée si particulière. Nous avons pris quelques photos en famille, immortalisant ce moment unique avant de partir.
L’accueil des porteurs de flamme était extrêmement bien organisé. Après un check-in rapide, où l’on vérifiait nos convocations et nos identités, on nous a remis nos tenues. Ces dernières avaient été ajustées avec précision grâce aux mensurations que nous avions fournies dès notre sélection. Puis, un badge d’identification nous a été attribué, portant mon numéro E37, un chiffre qui allait marquer mon passage.
Le briefing qui a suivi a renforcé le caractère solennel et exceptionnel de l’événement. Il ne s’agissait pas seulement de porter une torche, mais de représenter des valeurs et des engagements olympiques et de paix. Les consignes de sécurité étaient claires, tout comme les indications pour le fameux « torche kiss », ce moment symbolique où deux torches se touchent pour transférer la flamme. Chaque détail était pensé pour que tout se déroule parfaitement, nous permettant ainsi de nous concentrer sur l’essentiel : vivre pleinement ce moment.
L’émotion du portage : entre défi personnel et communion collective
Lorsque le moment est enfin arrivé, l’excitation a atteint son paroxysme. Avant même de commencer, le trajet en bus nous a permis de mesurer l’ampleur de l’événement. Traverser Plougastel-Daoulas, voir les enfants des écoles, les personnes âgées, les groupes de personnes en situation de handicap, tous venus exprès pour voir la flamme, était extrêmement émouvant. Les enfants agitaient des banderoles, criaient avec enthousiasme, et de nombreux spectateurs avaient fabriqué des fausses torches pour l’occasion. Cette ferveur populaire donnait un sens nouveau à mon rôle de porteuse de flamme.
Le défi sportif a pris tout son sens lorsque j’ai découvert que mon parcours débutait au bas d’une côte. Avec la flamme en main, la première impulsion a été de courir, porté par l’énergie du moment. Cette ascension, bien que difficile, s’est transformée en un moment de partage. Chaque spectateur le long du chemin me donnait la force de continuer. Un sourire, un mot d’encouragement, et surtout la présence de ma famille, ont fait de cette montée une victoire personnelle.
Mes filles et mes nièces, courant à mes côtés, brandissant des pancartes de soutien, ont été les véritables héroïnes de cette ascension. Les voir courir, pleines d’enthousiasme, m’a donné une énergie nouvelle pour atteindre le sommet. Ce n’était plus seulement ma course, mais la nôtre.
Le second "Torche kiss" : L’apogée d’un moment inoubliable
Une fois arrivée au sommet de la côte, la descente a été beaucoup plus aisée. La flamme, haute et fière, semblait flotter au-dessus de la foule. Chaque pas me rapprochait du prochain porteur, et le fameux second « torche kiss » marquait la fin de mon parcours. Ce moment, même s’il est passé en un éclair, restera gravé dans ma mémoire. Transmettre cette flamme qui symbolise tant, a été un moment d’une intensité incroyable.
Après avoir rendu la torche, je me suis retrouvée dans le bus avec les autres porteurs. L’accueil a été chaleureux, empreint de la même énergie positive qui m’avait accompagnée tout au long de cette aventure. Le bus résonnait des applaudissements et des cris de joie, un véritable concert de félicitations pour chacun de nous. Ce moment de partage a renforcé le sentiment de communauté, de faire partie d’une grande famille, celle des porteurs de la flamme olympique.
Une expérience transformante
Porter la flamme olympique ne se résume pas à un acte sportif. C’est une expérience qui transcende le simple fait de courir avec une torche. C’est un moment de connexion avec des milliers de personnes, un instant où l’on se sent porteur de valeurs universelles telles que la paix, et l’espoir. Pour moi, cela a été une opportunité de sortir de ma zone de confort, de vivre un rêve, mais aussi de le partager avec ceux qui comptent le plus pour moi.
La présence de mes enfants, l’accueil chaleureux des spectateurs, et l’organisation impeccable ont fait de cette journée un souvenir inoubliable. Chaque sourire échangé, chaque regard de fierté dans les yeux de mes filles, chaque mot d’encouragement résonnent encore en moi,
Porter la flamme olympique a été bien plus qu’une simple course. Je me suis sentie, le temps d’un instant, une rockstar acclamée par une foule en liesse, mais surtout, j’ai ressenti la puissance du collectif et l’importance de chaque petit pas que l’on fait ensemble vers un avenir meilleur.
